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27/08/2016

Ne pas s'emballer

Finalement je n'ai pas trouvé de travail. Correction : j'avais trouvé un travail, mais il faut croire que c'était des paroles en l'air. En 48h, je passe de "Bienvenue dans l'équipe, on va se tutoyer d'accord, allez à lundi !" à "Vous êtes trop qualifiée pour le poste, désolée". Je ravale donc ma fierté d'avoir été si efficace puisqu'au contraire, on vient (je viens) de me faire perdre 3 journées de recherche d'emploi. Ma confiance et mon optimisme en prennent un coup.
Mon projet est remis en question, peut-être chercher un autre poste, autrement, et puis accepter d'être patiente, de ne pas avoir immédiatement ce que je veux (un logement en particulier).

Ces derniers jours m'ont appris que je suis en décalage avec le mode de vie et de pensée de la région.
Ce que l'on ressent en tant que touriste, c'est que tout est plus cool ici : l'ambiance, les gens, la météo. Mais lorsqu'on doit se fondre dans la masse, on découvre une nouvelle façon de gérer les relations, la communication, le rapport au temps... Certaines qualités qui étaient des atouts dans le nord, deviennent stériles : tout ce qui tourne autour de l'apparence (la vulgarité et la sobriété se mélangent sans souci ici), la rapidité (pas compatible avec la flemme ambiante), l'efficacité, l'engagement et l'implication (pour quoi faire ?).
La différence est telle que je suis souvent à côté de la plaque et incomprise, autant dans mes paroles que dans mes actes. J'attends l'impossible et donne l'inutile, c'est perturbant.

Je dois lâcher mes principes de parisiennes (jugés bizarres ici), ne pas m'accrocher aux mots (leurs sens et leurs absences), ne donner d'importance qu'aux actes (pas aux paroles, ni aux gens, ni aux heures). Ce qui revient à changer ce que je suis, ce que je pense et ce que je fais. Tout ça sans me vexer de rien, tant que je ne fais pas "partie des leurs".
Pour l'instant mes efforts d'adaptation ne suffisent pas, mes habitudes compliquent la tâche. Au mieux ça fait sourire, au pire ça gonfle. Tout se mélange dans mon cerveau et mon cœur, comme un nœud d'incompréhension et de tristesse qui ne veut pas se laisser démêler. Alors pour ne pas me perdre à trop réfléchir, et éviter de ressasser ma différence, je me répète seulement : "Calme ta joie, sois plus souple, observe et apprends".

En attendant j'ai pris possession de ma chambre, vidé tous mes sacs de voyage. Et puis on a monté une palissade en bois, fait de la confiture de figue et de la psychanalyse. Des valeurs sûres qui me rassurent.


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